Les deux mois décisifs de Jean-Claude Marcourt

Publié le 25 Janvier 2013

Les deux mois décisifs de Jean-Claude Marcourt

Nous l'écrivions sur ce blog il y a quelques jours à peine: l'influence de Jeau-Claude Marcourt au sein du PS est de plus en plus importante. C'est un fait. La nomination de Jean-Pascal Labille vient de lui, quoi qu'en disent certains. Mais voilà qu'aujourd'hui, la position du ministre wallon de l'Economie se trouve fragilisée! Et fort, même. L'annonce faite par ArcelorMittal de fermer six lignes du froid plus la cokerie dans le bassin liégeois, entraînant la perte de quelque 1.300 emplois, ressurgit, qu'on le veuille ou non, sur le socialiste liégeois. Souvent surnommé " l'homme des syndicats ", les deux prochains mois s'annoncent cruciaux pour lui...

Aujourd'hui, les syndicats s'estiment lâchés. Lâchés par le monde politique. Premier visé: Jean-Claude Marcourt. Ce dernier, proche de la F.G.T.B., n'a pas ménagé sa peine ces derniers mois afin de tenter de dégager des solutions en vue de pérenniser les douze lignes de la phase à froid. Pour ce faire, il avait annoncé que la Région était prête à mettre de l'argent public sur la table. On évoque une somme d'une centaine de millions d'euros. Somme qui aurait été investie dans les lignes dites non-stratégiques, à condition qu'ArcelorMittal maintienne pour sa part son investissement de 138 millions dans les lignes de pointe restantes.

Au lieu de cela, le géant indien de l'acier a pris une décision unilatérale radicale: celle de tout fermer sauf les lignes à haute valeur ajoutée, donc. Résultat, le groupe ne comptera bientôt que 800 travailleurs en tout et pour tout dans le bassin liégeois. Et sûrement pas pour longtemps car même ces lignes stratégiques souffrent, de l'avis unanimes des travailleurs, d'un manque évident d'investissements.

On l'a vu et entendu à maintes reprises, les syndicats comme les travailleurs attendent des actions de la part du monde politique. Du côté de ce monde politique justement, la solidarité est de mise. Du moins en apparence. Tous unis, au Fédéral comme à la Région, derrière les travailleurs et...Jean-Claude Marcourt, chargé via la fameuse "Task Force", dont on ne sait d'ailleurs pas encore très bien en quoi elle consistera, de trouver des solutions.

Le ministre l'a dit et répété, il privilégie la piste d'un repreneur privé pour les sites sidérurgiques liégeois. Et Jean-Claude Marcourt se laisse deux mois pour trouver ce fameux repreneur providentiel. Deux mois. Soit demain. Mais là, le ministre se doit de trouver la parade. La nationalisation est exclue. Reste donc la reprise. Mais là, encore faudrait-il qu'ArcelorMittal vende ses installations. Et le groupe se veut clair: c'est non! Dès lors, quid? L'expropriation? Cette solution a été évoquée par Alain Mathot et Jean-Claude Marcourt ne l'a pas balayée, arguant qu'il ne fallait négliger aucune piste. Autre possibilité: assurer le reclassement de chaque travailleur dans le secteur privé, faire payer à ArcelorMittal l'entièreté de ses coûts liés aux accords sociaux et environnementaux et se tourner vers d'autres secteurs à implanter sur les sites.

La tâche s'annonce ardue. Impossible, même? Peut-être. Car pour rappel, aucun repreneur potentiellement intéressé ne s'est spontanément manifesté. Il va donc falloir les démarcher.

Quoi qu'il en soit, le ministre Marcourt est quasiment dans l'obligation d'avoir des résultats sur ce dossier. A l'époque de l'annonce de la fin de la phase liquide, les syndicats prônaient déjà une nationalisation sous prétexte que seule une sidérurgie intégrée était viable. Et le reproche principal qui avait été adressé au ministre était d'avoir laissé planer le doute sur cette possibilité. Cette fois, il semble qu'il ait retenu la leçon et a d'emblée annoncé que la piste du repreneur privé était celle qui avait ses faveurs.

Car même si tous les politiques disent oeuvrer ensemble afin de limiter la casse, c'est bien à Marcourt que revient cette tâche. S'il la relève, il en sortira d'autant plus fort et son aura prendra de l'ampleur. Mais dans le cas contraire, cela pourrait s'avérer plus dramatique. Et sa base électorale, à savoir les syndicats, risque bien de se détourner définitivement de lui.

Photo: Thomas Van Ass

Rédigé par Gaspard Grosjean

Publié dans #PS, #Politique

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